Introduction
Le blé
tendre (Triticum aestivum), a des grains nus après battage lorsqu’ils se
libèrent de leurs glumelles. Il est surtout cultivé dans les milieux tempérés,
présentant une bonne pluviométrie et une faible évapotranspiration en période
de maturation. C’est l’une des céréales les plus consommée en Algérie après le
blé dur du fait qu’elle est utilisée dans la préparation des gâteaux
traditionnels et du pain de boulangerie surtout pour les zones citadines (Chaulet
et al 1993). Les différentes variétés de blé
tendre cultivées en Algérie ont pour origine différentes sélections
généalogiques ou ont été introduites de différents pays (ITGC 1975). Sur
l’ensemble des variétés sélectionnées par les différentes institutions, seules
quelques-unes persistent encore et ont tendance à disparaître de part le manque
de débouché qu’elles suscitent et par leurs faibles rendements (Chehat
et al 1993 et ITGC 1997).
Les superficies
emblavées consacrées à la culture du blé tendre dans les zones littorales et
sub-littorales ont les rendements les plus importants (25 à 42quintaux à
l’hectare) par rapport aux autres zones climatiques (ITGC 1994). La production
est loin de satisfaire les besoins nationaux (Jouve et al 1989). En Europe, en
remplacement de la farine animale interdite depuis l’apparition de la maladie
de la vache folle, la tendance est à l’utilisation plus prononcée des céréales.
La substitution du maïs ou de l’orge dans l’alimentation du bétail est surtout
un fait économique. La consommation animale de grains de céréales en Algérie
est difficile à estimer. Elle représenterait 75% des Unités Fourragères (UF) en
Algérie en tenant compte de l’apport des chaumes, des pailles et des sons
(Tubiana 1989). Selon les fluctuations du
prix des matières premières, il peut s’avérer intéressant d’utiliser le blé
dans le régime des ruminants, en remplacement partiel du maïs et de l’orge.
Matériel et méthodes
Origine
Les graines
de blé tendre étudiées sont de variétés différentes (Tableau 1).
Tableau 1.
Variétés
de blé tendre étudiées
|
|
Variétés
|
Origine
|
Hd 1220
|
Sélection
à ITGC Sétif
|
Hd 1220 R1
|
Sélection
à ITGC Sétif
|
Arz R1
|
Sélection
à ITGC El-khroub
|
Arz R2
|
Sélection
à ITGC El-khroub
|
Mahon
demias
|
Introduite
par la colonisation
|
Le nombre
d’échantillons utilisés est de 10 par région et par variété avec des quantités
de 1000g que nous avons homogénéisés avant de prélever la quantité à analyser
(200g). Ils ont été prélevés au niveau des Coopératives de Céréales et Légumes
Secs (CCLS) localisées à travers l’Est du pays au cours de la même année de
récolte. Les régions touchées sont celles des wilayas de Skikda, Tébessa, Souk
Ahras, Constantine, Guelma et Batna. Ces dernières pratiquent en général les
mêmes conditions de stockage.
Analyse chimique
La
composition chimique a été déterminée selon les méthodes de l’AOAC (1990) avec
une répétitivité de 03. Les analyses ont porté sur la matière sèche, la matière
azotée totale, la cellulose brute, la matière grasse et la matière minérale
dont Ca et P. Les composés pariétaux ont été déterminés par la méthode de Van
Soest et Wine (1967). La digestibilité in vitro de la matière organique a été
déterminée par la méthode d’Aufrère et Graviou (1996) dont l’équation
est : DMO= 0,699DcellMO + 22,6 pour les aliments concentrés. Pour la
dégradabilité théorique (DT) de la matière azotée, la méthode d’Aufrère et
Cartailler (1988) a été employée avec comme équation DT= 0,91DE1 +15,10.
L’énergie brute a été déterminée par calorimétrie adiabatique.
Calculs
Ils ont pour
base les équations proposées par Sauvant et al (2004) pour le calcul des
valeurs nutritives pour les ruminants.
Traitement statistique
Ces analyses
ont été effectuées à l'aide du programme Statistica 6.0 ( StatSoft Inc. 2001)
Résultats et discussion
Composition
chimique
Le taux de
matière sèche est supérieur à 90% quelle que soit la variété avec une moyenne
de 91,6% (Tableau 2). Ce taux est influencé par les conditions de stockage.
Tableau
2. Composition chimique des grains de différentes
variétés de blé tendre
|
|||||||
Variétés
|
MS %
|
MAT
|
CB
|
MG
|
MM
|
Ca
|
P
|
Hd 1220
|
92,4 ±1,1 a
|
11,6 ±1,6 a
|
3,1±0,4 a
|
1,7 ±0,3 a
|
2,5 ±0,6 a
|
0,3 ±0,07 a
|
0,3 ±0,09 a
|
Hd1220 R1
|
90,3 ±0,9 b
|
12,3 ±1,3 a
|
3,8 ±0,3 b
|
1,1 ±0,5 b
|
2,6±0,4 a
|
0,2 ±0,03 a
|
0,3 ±0,07 a
|
Arz R1
|
92,7 ±1,1 a
|
13,3 ±1,9 b
|
3,8 ±0,1 b
|
2,1 ±0,5 c
|
2,1 ±0,6 b
|
0,2 ±0,08 a
|
0,3 ±0,07 a
|
Arz R2
|
91,8 ±1,3 a
|
11,9 ±1,4 a
|
2,9 ±0,3 a
|
1,9 ±0,3 a
|
2,5 ±0,2 a
|
0,3 ±0,06 a
|
0,2 ±0,05 a
|
mahon
demias
|
90,6 ±0,6 b
|
16,6 ±1,6 c
|
3,9 ±0,2 b
|
2,2 ±0,4 c
|
2,9 ±0,4 c
|
0,3 ±0,04 a
|
0,3 ±0,04 a
|
m
|
91,6±1,0
|
13,1±1,8
|
3,5±0,4
|
1,8±0,4
|
2,5±0,2
|
0,3±0,04
|
0,3±0,04
|
MS :
matière sèche, MAT : matière azotée totale en % de MS, CB :
cellulose brute en % de MS, MG : matière grasse en % de MS,
MM : matière minérale en % de MS, Ca : calcium en % de
MS, P : phosphore en % de MS. Sur la même colonne, les
valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre sont
statistiquement significatives p<0,05.
|
Le taux de
matière minérale est plus important pour la variété mahon demias (2,9% de MS)
et moins prononcé pour la variété Arz R1 (2,1% de MS). La moyenne globale est
de 2,5% de MS. Les taux de Ca et P ont des valeurs moyennes de l’ordre de 0,30%
de MS. La teneur en P se rapproche des résultats avancés par Jarrige (1988)
(0,38% de MS) et Sauvant et al (2004) (0,37% de MS) mais la teneur en Ca est
plus importante (0,07% de MS et 0,08% de MS respectivement). Ceci est dû en
grande partie au caractère alcalin des sols algériens. Le taux de matière
grasse moyen est de 1,8% de MS et se rapproche des résultats avancés par Blum (1984)
et Rivière (1978) (2%). Le taux de cellulose brute est inférieur à 5% pour
l’ensemble des variétés et prend une valeur moyenne de 3,5% de MS. Le
taux de matière azotée fluctue entre les variétés avec une moyenne globale de
13,1% de MS. Cette teneur est supérieure au résultat de Jarrige (1988) (12,5%
de MS) et de Sauvant et al (2004) (12% de MS). La variété mahon demias a une
valeur optimale de 16,6% de MS qui est supérieure à la valeur trouvée par Khelifi
et al (2003) (15,6% de MS).
Composés
pariétaux
La teneur
moyenne en NDF des variétés de blé tendre étudiées (14,3%) est supérieure à
celle rapportée par Jarrige (1988)(13,9%) et est identique à la valeur obtenue
par Sauvant et al (2004) (Tableau 3).
Tableau
3. Composés pariétaux des grains de différentes
variétés de blé tendre en % de MS
|
|||
désignation
|
NDF
|
ADF
|
lignine
|
15,6 ±1,1 a
|
4,2 ± 0,7 c
|
2,1 ±0,3 a
|
|
Hd 1220 R1
|
14,8 ±1,6 a
|
4,6 ±0,3 a
|
2,4 ±0,5 b
|
Arz R1
|
13,5±1,3 b
|
4,4 ±0,6 a
|
2,5 ±0,7 b
|
Arz R2
|
12,9 ±1,6 b
|
3,8 ±0,7 b
|
2,6 ±0,8 b
|
mahon
demias
|
14,8 ±1,6 a
|
3,9 ±0,4 b
|
2,9 ±1,0 c
|
m
|
14,3 ±1,0
|
4,2 ±0,3
|
2,5 ±0,3
|
NDF :
neutral detergent fiber ; ADF : acid detergent fiber ; Sur la
même colonne, les valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre
sont statistiquement significatives p<0,05.
|
La valeur
moyenne en lignine (2,5%) est bien supérieure à celles mentionnées par les
mêmes auteurs (1,2% et 1,15% respectivement). Cette différence dans la teneur
en lignine est due au milieu semi aride dans lequel sont cultivés les blés tendres
de l’Est algérien.
Digestibilité de la MO, dégradabilité théorique des
protéines et teneur en énergie brute
La
digestibilité de la MO est maximale pour la variété Hd 1220 R1 (89%) et
minimale pour la variété Arz R2 (86% de MS) (Tableau 4).
Tableau 4.
Dégradabilité théorique de la matière protéique (%), digestibilité de la
matière organique (%) et teneurs en énergie brute (kcal/kg de MS) des grains
des différentes variétés de blé tendre
|
|||
désignation
|
DT
|
DMO
|
E B
|
Hd 1220
|
74 ±2,3 a
|
88 ±1,8 a
|
4265 ±52,3 a
|
Hd 1220 R1
|
73 ±1,9 a
|
89 ±2,2 b
|
4246 ±51,5 b
|
Arz R1
|
72±2,2 a
|
87 ±2,1 a
|
4335 ±39,8 c
|
Arz R2
|
74 ±1,8 a
|
86 ±1,7 a
|
4278 ±47,6 a
|
mahon
demias
|
76 ±2,4 b
|
88 ±1,8 a
|
4354 ±52,4 c
|
m
|
73,8±1,3
|
87,6±1,0
|
4296 ±41,6
|
DTN :
dégradabilité théorique de l’azote ; DMO : digestibilité de la
matière organique ; EB : énergie brute. Sur la même colonne, les
valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre sont
statistiquement significatives p<0,05.
|
La teneur
moyenne de 87,6% est inférieure à la valeur trouvée par Jarrige (1988) (89% de
MS). La dégradabilité théorique de l’azote fluctue entre un maximal de
76%(variété mahon demias) et un minimum de 72% (variété Arz R1). La valeur
moyenne de 73,8% de MS est au deçà des résultats de Sauvant et al (2004) (87,5%
de MS) et de Jarrige (1988) (78% de MS). Les valeurs extrêmes de la
teneur en EB des différentes variétés de blé tendre fluctuent entre un maximal
de 4354 kcal/kg de MS (mahon demias) et un minimum de 4246 kcal/kg de MS (Hd
1220 R1). La valeur de la teneur moyenne (4296 kcal/kg de MS) est inférieure au
résultat de Jarrige (1988) (4400 kcal/kg de MS) et de Sauvant et al (2004)
(4355 kcal/kg de MS).
Unités fourragères lait (UFL) et viande (UFV)
La variété
Arz R2 a une valeur minimale en UFL et UFV (1,10/kg de MS) (Tableau 5).
Tableau 5.
Teneurs en UFL et UFV (/kg de MS) des grains des différentes variétés de blé
tendre
|
||
désignation
|
UFL
|
UFV
|
Hd 1220
|
1,14±0,03
|
1,14±0,03
|
Hd 1220 R1
|
1,14±0,05
|
1,14±0,01
|
Arz R1
|
1,13±0,04
|
1,13±0,02
|
Arz R2
|
1,10 ± 0,02
|
1,10 ± 0,05
|
mahon
demias
|
1,15 ± 0,03
|
1,14 ± 0,06
|
m
|
1,13 ± 0,02
|
1,13 ± 0,01
|
UFL :
unité fourragère pour la lactation ; UFV : unité fourragère pour la
viande.
|
Les valeurs
optimales sont détenues par la variété mahon demias (1,15/kg de MS en UFL et
1,14/kg de MS en UFV). Les valeurs moyennes de l’ensemble des variétés (1,13/kg
de MS pour l’UFL et l’UFV) sont inférieures aux données de Jarrige (1988)
(1,19/kg de MS pour l’UFL et 1,20/kg de MS en UFV) et de Sauvant et al (2004)
(1,17/kg de MS).
Protéines digestibles intestinales
Les valeurs
minimales sont exprimées par les PDIA avec une moyenne de 32,35g/kg de MS
(Tableau 6).
Tableau 6.
Teneurs
en PDI en g/kg de MS des grains de différentes variétés de blé tendre
|
|||
désignation
|
PDIA
|
PDIN
|
PDIE
|
Hd 1220
|
28,7 ±6,4
|
76,4 ±5,3
|
1061±9,4
|
Hd 1220 R1
|
31,4 ±5,3
|
81,4±9,8
|
1100±10,2
|
Arz R1
|
35,2±6,4
|
88,3±10,9
|
111±12,5
|
Arz R2
|
29.0 ±5,8
|
78.0±6,8
|
104±6,9
|
mahon
demias
|
37,5±4,7
|
1083±10,8
|
114±8,6
|
m
|
32,4 ±3,4
|
86,5±11,7
|
109±3,5
|
PDIA :
Protéines digestibles dans l’intestin d’origine alimentaire ;
PDIE : protéines digestibles dans l’intestin permises pour
l’énergie ; PDIN : protéines digestibles dans l’intestin permises
pour l’azote
|
La variété
Hd 1220 avec une teneur de 28,72g/kg de MS en PDIA est la moins représentative
par rapport à la variété mahon demias qui compte 37,46g/kg de MS. Les valeurs
optimales sont exprimées à travers les PDIE avec une moyenne de 109,16g/kg de
MS. La variété mahon demias est la plus pourvue avec 114,21g/kg de MS et la
plus dépourvue est la variété Arz R2 avec une valeur de 104,37g/kg de MS. Les
valeurs en PDIA des blés tendres au niveau des tables européennes de Jarrige
(1988) et Sauvant et al (2004) sont supérieures à la moyenne des variétés de
blés durs cultivées en Algérie et identiques en PDIE et PDIN.
Conclusion
- A travers les résultats de la valeur nutritive des différentes variétés de blé tendre cultivées en Algérie, on peut estimer que leurs utilisations dans l’alimentation des ruminants permettent des résultats de production tant en lait qu’en viande moins importantes que ceux permis par les blés tendres européens. Les paramètres les plus expressifs de cette différence résultent de la teneur en CB et notamment en lignine qui est due à l’influence du milieu (zone semi--aride) où sont cultivés la majorité des blés tendres de l’Est Algérien.
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